Episode 5 – Paroles de patient : « Des chirurgiens et des soignants charmants et compétents »
Marie-Claude Gonnord n’a pas été une patiente comme les autres pour le Dr Marie-Line Barussaud, la chirurgienne viscérale qui l’a opérée avec le robot chirurgical en janvier au CHU de Poitiers. « Je suis une patiente un peu hors-norme car je suis venue me faire opérer pour une récidive de prolapsus, ce qui arrive rarement, confie Marie-Claude Gonnord. Je m’étais fait opérer une première fois il y a cinq ans au CHU de Nantes sous cœlioscopie, mais je n’ai pas suivi les consignes des médecins et j’ai pratiqué des activités interdites comme le tracteur tondeuse… »
La Poitevine est alors venue consulter le Dr Barussaud en décembre 2015. Cette dernière lui a tout de suite proposé de l’opérer avec le robot chirurgical, en collaboration avec les chirurgiens nantais qui l’avaient prise en charge il y a cinq ans. « Je suis d’un naturel confiant alors je n’ai pas eu d’inquiétude particulière quand elle m’a dit que l’intervention se déroulerait avec le robot. En plus, le Dr Barussaud explique tout très bien, avec des mots que l’on comprend, et le personnel médical a été charmant et compétent. Je le trouve d’ailleurs très méritant. »
La durée d’hospitalisation de Marie-Claude Gonnord a été réduite de moitié par rapport à sa première opération sous cœlioscopie (trois jours au lieu d’une semaine). « Je suis très peu sujette à la douleur donc après l’opération, j’étais surtout fatiguée à cause de l’anesthésie, précise-t-elle. J’ai tout de suite senti que l’intervention avait été un succès et, désormais, je me suis promise d’être raisonnable. »
Un mois après, la consultation de contrôle s’est bien déroulée. « Le Dr Barussaud m’a dit qu’elle était très contente du résultat, que la réparation allait tenir et que, grâce au robot, elle avait pu aller dans des endroits inaccessibles auparavant. »
Santé et recherche sont indissociables. Depuis plus de vingt ans, l’association poitevine Sport et collection, sous la houlette de son président Jean-Pierre Doury, collecte des fonds destinés à la recherche médicale en cancérologie au CHU de Poitiers.
Cette année marque la 22e édition de Sport et collection, une manifestation unique qui se déroulera sur le circuit du Vigeant, les 3, 4 et 5 juin prochains. La conférence de presse du lundi 25 avril a réuni autour du président du conseil départemental de la Vienne, Bruno Belin, et de Jean-Pierre Doury, le professeur Jean-Marc Tourani, chef du pôle cancérologie au CHU de Poitiers, Alain Lamy, directeur référent du pôle cancérologie, et Harold Astre, directeur de la recherche au CHU.
500 Ferrari dans la course « 500 Ferrari contre le cancer » est avant toute chose un événement humanitaire, organisé par des bénévoles au profit de la recherche contre le cancer du CHU de Poitiers. Outre les Ferrari, la piste fait aussi la part belle aux Porsche, Aston Martin, Jaguar Maserati et autres voitures d’exception.
Tous les ans, un conseil scientifique présidé par le professeur Norbert Ifrah – aussi président de la Fédération hospitalière de France Cancer -, classe les équipes de recherche ayant répondu à un appel à projet. Sur douze projets présentés au conseil scientifique, six cette année se verront allouer une somme destinée à leur financement. En voici la liste exhaustive :
Le Dr Jonathan Clarhaut mène un projet sur le développement de médicaments intelligents ciblant les cellules cancéreuses. Un don de 50 000 euros va permettre de rémunérer un ingénieur pendant un an.
Le Dr David Tougeron travaille sur la détection du cancer colorectal par la biopsie liquide selon une étude DECALIB. Une somme de 24 080 euros va lui permettre de se fournir en consommables PCR (Réaction en chaîne par polymérase).
Omar Benzakour développe un projet sur l’inhibition de la croissance et de l’angiogenèse tumorales par le facteur anticoagulant vitamine K-dépendent, la protéine S. Les 35 000 euros de don financeront la seconde année d’un étudiant en thèse à 100% sur un an.
André Herbelin travaille sur l’hypothèse d’un axe lymphocytaire iNKT/T « innate-memory » anti-tumoral dans la leucémie myéloide chronique. Un don de 45 000 euros va rémunérer un post-doctorant à temps plein sur deux ans.
Le Pr Jean-Marc Tourani mène un projet sur le suivi et la gestion des essais cliniques en oncologie médicale. Grâce aux 44 000 euros de dons, il pourra financer un attaché de recherche clinique sur un an.
Le projet du Dr Frédéric Millot sur le suivi et la gestion des essais cliniques en oncologie pédiatrique sera financé à hauteur de 40 000 euros et permettra le recrutement d’un attaché de recherche clinique pendant un an.
Au total, près de 240 000 euros sont attendus pour financer les travaux de recherche en cancérologie de ces équipes poitevines du CHU de Poitiers, en espérant que le public se montrera tout aussi généreux que les années précédentes.
En 2015, Sport et collection a rassemblé 250 000 euros portant à 3 450 000 euros le montant total des dons depuis 1995. Rendez-vous les 3, 4 et 5 juin sur le circuit du Val-de-Vienne (Vigeant) pour la 22e édition de Sport et collection.
« C’est un congrès qui arrive à maturité, affirme Thierry Hauet, professeur de biochimie et directeur de l’IRTOMIT U1082 Inserm au CHU de Poitiers, une unité qui a participé à quatorze communications (orales et affiches) lors de cet événement et qui est une des chevilles ouvrières de l’organisation. Le programme a bien évolué et les orateurs sont de grande qualité. Cette année, le conseil scientifique avait axé les conférences sur la conservation des organes des donneurs et des receveurs portant sur des aspects innovants. »
Nouvelles collaborations
Les interventions ont donc porté sur la température de conservation, les changements métaboliques dû au froid ou encore l’hibernation chez les animaux, un thème cher au Pr Hauet. Des aspects plus rares, comme la transplantation intestinale ou la thérapie cellulaire, ont aussi été abordés.
« L’immunologie de la transplantation et reperfusion, un sujet dans lequel l’unité Inserm U1082 est très impliqué, a également fait l’objet de communication », précise le Pr Hauet. C’est important que l’unité Inserm soit moteur de ce genre d’événement. Nous devons valoriser notre leadership dans le domaine. Nous espérons donc maintenir le congrès à Poitiers. En 2018, nous voudrions y associer le CHU de Bordeaux, dans le cadre des nouvelles collaborations qui se créent dans la grande région, mais aussi la fédération hospitalo-universitaire SUPORT (SUrvival oPtimization in ORgan Transplantation) dirigée en partenariat avec les CHU de Limoges et Tours. Même si nous ne sommes pas dans la même région, je trouve dommage de perdre une collaboration utile, dans laquelle des gens dynamiques s’investissent. »
Une conférence grand public pour expliquer les enjeux de la transplantation
Dans le cadre du congrès international IMIRT, une conférence grand public intitulée « La transplantation d’organes : avancées et perspectives » a réuni une centaine de personnes le 20 avril à l’espace Mendès-France de Poitiers. Antoine Thierry, professeur de néphrologie au CHU de Poitiers, Benoit Barrou, président de la Société francophone de transplantation, Thierry Hauet, directeur de l’IRTOMIT U1082 Inserm au CHU de Poitiers et coordonnateur de la fédération hospitalo-universitaire SUPORT (SUrvival oPtimization in ORgan Transplantation), et Matthias Buchler, professeur de néphrologie au CHU de Tours, ont exposé les enjeux autour de la transplantation d’organes. Les dernières avancées dans le domaine de la transplantation ont notamment été abordées.
« Après les exposés, nous avons eu des échanges libres et informels avec le public, indique le Pr Thierry. Des associations comme la Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux et l’Association pour le don d’organes et de tissus humains étaient aussi présentes pour répondre aux questions. Les retours ont été très positifs. »
L’institut du sein permet de regrouper, sur un même plateau technique de recours régional, l’ensemble des professionnels de santé et des techniques médicales nécessaires au parcours de soins des patientes atteintes d’une maladie du sein.
Cette nouvelle organisation a pour objectif une meilleure coordination (accueil, orientation, suivi, traitement…) et une plus grande rapidité dans la prise en charge globale des patientes et du dépistage jusqu’à l’après-traitement.
Pour tout renseignement :
Institut du sein
Niveau 0 de Jean-Bernard sur le site de la Milétrie
Tél : 05 49 44 48 10
E-mail : institutdusein@chu-poitiers.fr
« Nous avons choisi la technologie 100% laser car elle est très efficace (voir encadré) et offre le maximum de sécurité pour le patient », affirme le Dr Olivier Lichtwitz, praticien dans le service d’ophtalmologie du CHU de Poitiers.
Cette chirurgie, qui permet en général de s’affranchir de la contrainte des lunettes, s’adresse à une fourchette variée de patients, que ce soit au niveau du trouble de la réfraction ou de l’âge.
Un examen approfondi est effectué en amont de l’intervention pour vérifier que le patient soit éligible à cette chirurgie et qu’il ne présente pas de contre-indication (pathologie oculaire en règle générale et plus particulièrement le kératocône).
Cette activité sera réalisée par des médecins travaillant au CHU à plein temps, en collaboration avec des ophtalmologistes installés en activité libérale. Le médecin pratiquant cette activité au CHU à plein temps a renforcé sa formation en travaillant pendant six mois à la clinique Lamartine à Paris, la plus grande clinique de chirurgie réfractive de France (7000 à 8000 interventions par an).
Les prises de rendez-vous pour cette activité se font aux consultations d’ophtalmologie : 05 49 44 43 27.
La chirurgie réfractive, comment ça marche ?Chirurgie réfractive : les techniques du PKR et du Lasik
Il existe principalement deux techniques qui permettent de corriger la vue : la PKR (laser de surface) et le Lasik (laser en profondeur).
La PKR remodèle la cornée en surface. Cette technique consiste à appliquer le laser après avoir enlevé la couche superficielle de la cornée. Elle s’adresse à des patients dont la myopie ne dépasse pas -6 dioptries et l’astigmatisme ne dépasse pas -2 dioptries. Elle est préconisée en cas de cornée irrégulière ou trop fine. C’est la technique la plus ancienne, mais elle présente comme principaux inconvénients une douleur modérée durant trois à quatre jours et une récupération visuelle sur plusieurs jours.
Le Lasik 100% laser est une technique qui comprend l’intervention de deux lasers et permet un remodelage de la cornée en profondeur. Un premier laser (Femtoseconde) crée un volet cornéen superficiel – une sorte de capot, puis un second laser (Excimer) sculpte dans l’épaisseur de la cornée. Il concerne les patients dont la myopie peut aller jusqu’à -8 dioptries et dont l’astigmatisme peut aller jusqu’à -5 dioptries. Cette technique a comme principaux avantages l’absence quasi-complète de douleur et une récupération visuelle dès le lendemain.
A noter que quelle que soit la technique employée, les résultats à trois mois sont les mêmes.
Le fonds Aliénor constitue également un outil de promotion des innovations technologiques biomédicales par le biais d’acquisition de matériels de recherche en santé mis au service de toute la communauté des chercheurs et des cliniciens du CHU de Poitiers.
Tout un chacun peut contribuer au développement du fonds Aliénor en faisant un don.
Fonds Aliénor CHU de Poitiers 2 rue de la Milétrie CS 90577 86021 Poitiers
Quels sont avantages fiscaux ?
Le fonds Aliénor bénéficie du régime fiscal applicable aux organismes sans but lucratif. Il est donc exonéré des impôts commerciaux (impôt sur les sociétés de droit commun, taxe professionnelle et taxe sur la valeur ajoutée) au titre de ses activités économiques dès lors qu’il s’agit d’activités non lucratives au sens du code général des impôts.
Les dons consentis au fonds Aliénor ouvrent droit au régime du mécénat et peuvent donc générer des réductions d’impôts :
impôt sur les revenus :
pour les particuliers, cela correspond à 66% du montant des dons dans la limite de 20% du montant imposable (article 200 du code général des impôts).
pour les entreprises, cela correspond à une réduction d’impôt à hauteur de 60% du montant des versements dans la limite de 0,5% du chiffre d’affaires (article 238 bisdu code général des impôts).
impôt sur les sociétés : les entreprises assujetties peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt à hauteur de 60% du montant des versements dans la limite de 0,5% du chiffre d’affaires (article 238 bis du code général des impôts).
Enfin, les dons et legs consentis au profit d’un fonds de dotation sont en principe totalementexonérés de droits de mutation à titre gratuit (article 795-14° du code général des impôts).
Episode 6 – Le robot chirurgical : « Une stratégie d’excellence thérapeutique »
Le robot chirurgical, le CHU magazine de décembre 2002 en parlait déjà par l’intermédiaire du Pr Pierre Pries, chirurgien orthopédiste au CHU de Poitiers : « Je pense qu’à terme, nous parviendrons à utiliser des robots qui seront capables de réaliser des tâches avec une grande précision tout en étant moins invasifs ». Treize ans après, le terme est venu et le robot Da Vinci a vaincu les dernières réticences.
« Pour le CHU de Poitiers, l’acquisition de cet outil de dernière génération s’inscrit dans une stratégie d’excellence thérapeutique, afin d’apporter le plus grand bénéfice aux patients par le biais de la chirurgie mini-invasive, indique Alain Lamy, directeur des projets du CHU. Par ailleurs, il s’agit d’un équipement décisif dans le choix d’implantation des chirurgiens de certaines spécialités, notamment les plus jeunes, qui conditionnent leur venue à la mise à disposition d’un robot. Il est également important de proposer aux professionnels déjà établis au CHU l’outil le plus performant de la chirurgie. »
Usage pluridisplinaire
L’acquisition d’un robot chirurgical était d’autant plus nécessaire pour le CHU de Poitiers, établissement de recours, qu’aucun autre hôpital du Poitou-Charentes n’en est équipé, alors que l’Aquitaine en possède trois et que le Limousin en détient un. En choisissant le dernier modèle du constructeur Intuitive surgical (le Da Vinci XI), le CHU de Poitiers est devenu le seul CHU en France pourvu de cette technologie dernier cri. « Cela donne une valeur ajoutée à notre hôpital et a un effet positif sur notre attractivité, car les perspectives médicales sont importantes avec ce système », explique Alain Lamy.
Les spécialités – urologie, gynécologie et chirurgie viscérale et de l’obésité – qui en bénéficient déjà sont conquises. « La configurations des blocs opératoires au CHU de Poitiers se prête parfaitement à une utilisation pluridisplinaire du robot. Ce dernier est en effet installé dans une salle qui se situe au cœur des blocs, et seule la chirurgie thoracique en est pour l’instant éloignée, ce qui sera réglé dès janvier 2017 avec l’ouverture du centre cardio-vasculaire », détaille Alain Lamy. La chirurgie thoracique est d’ailleurs la prochaine spécialité à utiliser le robot. « L’évolution d’activité et la courbe d’apprentissage des chirurgiens sont rapides, poursuit le directeur des projets. Cela va nous permettre de pratiquer des opérations de plus en plus complexes. »
Pour le moment, c’est le service d’urologie qui réalise le plus d’interventions avec le robot. « Grâce au robot, ce service a fait évoluer sa patientèle et les modalités de sa prise en charge. Le nombre de prostatectomie est notamment en forte hausse, illustre Alain Lamy, avec une baisse de la durée moyenne de séjour significative. »
De nombreux travaux de recherche sont menés sur le sujet, mais vous avez choisi de disséquer le Sida sous toutes ses formes : épidémiologique, mais aussi historique, géographique, sociale… Qu’apporte ce nouvel éclairage sur le virus ? La quête des origines n’épargne pas les virologues… Les données virologiques (« phylogénétiques ») nous ont permis de retracer l’origine et la diffusion des différents sous-types VIH-1 à travers le monde, le VIH étant classé en plusieurs sous-types qui ont tous leur propre histoire. La pandémie est le résultat d’un unique événement de transmission zoonotique d’un virus ancestral du singe à l’Homme, en l’occurrence du chimpanzé à l’Homme, par la chasse et la consommation de viande de brousse, aux alentours de 1908, dans une région reculée du sud-est du Cameroun. Cette étape a écrit l’acte fondateur de la pandémie. La diversification chez l’Homme de ce virus simien a donné naissance aux différents sous-types VIH-1.
Les premières traces du virus sont ensuite documentées en 1959 à Kinshasa, en Haïti, dès 1966, avant d’émerger aux États-Unis en 1971, soit douze ans avant la découverte du virus à l’Institut Pasteur de Paris. Cette diffusion pandémique est le résultat d’une conjonction inédite au XXe siècle de facteurs démographiques, socio-économiques (développement des transports, exode rural, conflits et migrations de populations), culturels (changement des pratiques sexuelles) et médicaux (campagnes massives d’injection de pentamidine et de pénicilline dans les années 1950 en Afrique). Pour la première fois, cet ouvrage retrace la diffusion des virus du Sida dans le temps et l’espace, pour comprendre l’épidémie d’hier et d’aujourd’hui et ainsi mieux appréhender celle de demain, pour une riposte plus efficace.
Trentre ans après la découverte du virus, aucun vaccin préventif n’a encore été découvert. Quelles peuvent être les formes de cette « riposte » ? La route est encore longue pour tordre le cou aux idées reçues sur le SIDA… Il faut poursuivre le travail d’information et de prévention. On recense 35 millions de personnes infectées dans le monde, 130 000 en France, dont 20% qui ignorent leur séropositivité. Malgré les progrès enregistrés dans de nombreux pays, seulement 37% des personnes vivant avec le VIH reçoivent un traitement antirétroviral. Doublé du bénéfice individuel direct, ce traitement réduit considérablement le risque de transmission virale. Des perspectives encourageantes (« test and treat ») ont fait germer l’idée de « zéro nouvelle infection à l’horizon 2020 », à condition de dépister et de traiter l’ensemble de la population séropositive. Vaccin efficace, prévention, dépistage et traitement précoce (voire préventif) sont les actions de lutte essentielles contre ce fléau.
Quelle est aujourd’hui votre activité médicale en bactériologie au CHU ?
Nous assurons le diagnostic microbiologique et le suivi des infections bactériennes, les missions d’enseignement et de recherche. Le laboratoire est doté de techniques performantes pour réaliser culture, identification et antibiogramme et répondre au mieux aux attentes de nos collègues cliniciens. C’est un partenaire dynamique et privilégié des services de soins. L’unité d’hygiène hospitalière assure les missions de surveillance et de prévention des infections nosocomiales. Des techniques nouvelles sont amenées à se développer. La veille scientifique et technologique exercée par l’ensemble de l’équipe, sous l’impulsion du Pr Burucoa, est particulièrement motivante pour rendre encore plus performant le diagnostic des maladies infectieuses.
A ses côtés, les professeurs Bertrand Debaene, président de la commission médicale d’établissement, et Pierre Corbi, chef du pôle cœur-poumons, ainsi que Mustafa El-Belgsir, adjoint à la mairie de Poitiers, se sont relayés pour accrocher les 93 médailles d’or, les 76 vermeilles et les 40 d’argent.
Ces médailles récompensent « ceux qui sont attachés au service public et qui, avec bienveillance, restent à la disposition des patients, assure Sophie Guerraz. Elles sont le symbole de valeurs telles que la sollicitude et l’entraide. Je tiens à vous remercier, vous qui faites rayonner notre CHU dans notre région ».
Vous avez axé vos recherches vers la diffusion des antibiotiques par microdialyse. Comment êtes-vous arrivée à maîtriser cette technique ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’en France, il y a peu de travaux sur cette technique. En dix-huit ans, huit études ont été menée dont cinq à Poitiers. On peut dire que nous sommes des pionniers sur le territoire national. J’ai toujours été intéressée par la recherche, aussi, pendant mon internat, j’ai rejoint l’équipe Inserm des professeurs William Couet et Olivier Mimoz, U1070. À cette époque, mes recherches étaient centrées sur la diffusion des antibiotiques par microdialyse dans les tissus musculaires sur les patients de réanimation. Je me suis ensuite intéressée à la pratique de cette même technique pour les tissus cérébraux. Je suis partie à Cambridge (Royaume-Uni) en 2007 pour apprendre la microdialyse cérébrale et guider la réanimation des patients cérébrolésés. J’ai réalisé des études d’abord sur les rats, puis j’ai confirmé ces résultats sur les patients de réanimation.
Et qu’est -ce que la microdialyse cérébrale ?
La microdialyse permet la mesure de concentrations dans le milieu extracellulaire sans avoir recours à une extraction tissulaire. Il faut savoir que la diffusion des antibiotiques dans le cerveau est plus délicat car les membranes y sont moins perméables que dans les muscles, par exemple. C’est un outil de surveillance très local. Simplement, on va voir si les apports métaboliques du patient sont corrects et si les médicaments font effet.
Qu’en est-il de vos recherches aujourd’hui ?
Deux projets hospitaliers de recherche clinique portés par le service d’anesthésie-réanimation ont été retenus par la direction générale de l’offre de soins. Le premier est national et concerne l’évaluation d’un outil pour la réduction du risque d’infections pulmonaires chez le traumatisé grave avec lésion cérébrale. Le second est interrégional et porte sur l’administration des antibiotiques pour prévenir l’infection pulmonaire chez le patient cérébrolésé. J’encadre aussi la thèse de Ludivine Rousseau, interne en anesthésie-réanimation. Elle souhaite apprendre cette technique pour la pratiquer sur des patients de réanimation cardio-thoracique. Matthieu Boisson, anesthésiste-réanimateur, s’y forme en chirurgie viscérale. Les recherches sont permanentes et la microdialyse peut être utilisée dans les autres spécialités.
La 22e édition de la manifestation se déroulera les 3, 4 et 5 juin au Vigeant (Vienne). Jean-Pierre Doury, président de Sport et collection, a évoqué quelques-unes des particularités de cette année : « Il y aura des courses organisées par le club Ferrari anglais, un concours de voitures des années 50-60, ainsi que des voitures électriques et hybrides de prestige. Notre objectif est d’atteindre les 4 millions d’euros de dons accumulés d’ici deux ans. »
Concrétisation
Le Pr Jean-Marc Tourani, chef du pôle de cancérologie, a précisé que l’argent récolté cette année allait financer six projets retenus par le conseil scientifique de Sport et collection : deux accompagnements en recherche clinique et quatre projets de recherche fondamentale dirigés par le Pr Omar Benzakour, le Dr Jonathan Clarhaut, le Dr David Tougeron et André Herbelin (voir le détail de leurs projets dans notre plaquette de présentation). Ce dernier, immunologiste et directeur de recherche à l’Inserm, a souligné le fait que la recherche a besoin d’argent pour financer son personnel : « Il est impératif de pérenniser l’emploi des jeunes chercheurs prometteurs. Merci à Sport et collection de nous le permettre. »
Pour le Dr Clarhaut, financé depuis quatre par les dons récoltés lors de la manifestation automobile, l’heure est à la concrétisation. « En quatre ans, nous sommes passés des modèles conceptuels aux dépôts de deux brevets, achetés par un laboratoire strasbourgeois, indique-t-il. C’est le fruit de toutes les personnes impliquées dans Sport et collection. »
« Mettre en lumière la recherche est essentiel, a ajouté Alain Claeys. Sa qualité et sa capacité à s’inscrire dans la durée grâce à cet événement est très important. Lors de cette 22e édition, nous allons aussi mettre l’accent sur la prévention et le dépistage. »
« Ça marche ! » a lancé Jean-Pierre Doury pour conclure. « Ça roule ! » a même osé Omar Benzakour.
En mars dernier était inauguré, au niveau -2 de la tour Jean-Bernard du CHU de Poitiers, le nouveau plateau de consultations du pôle « Dune » qui regroupe la chirurgie viscérale, l’hépato-gastro-entérologie et l’urologie. Cette restructuration, qui permet de proposer une offre de soins ambulatoires efficiente et pertinente aux patients, ne fait que renforcer un mode de fonctionnement établi de longue date au sein du service d’hépato-gastro- entérologie, comme l’explique le professeur Christine Silvain, chef du service : « En effet, nous avons toujours eu comme ambition et comme particularité d’offrir une prise en charge des pathologies digestives de façon globale, transversale, et dans un temps assez court. Ce nouvel espace pluridisciplinaire, avec ses salles d’actes techniques d’exploration fonctionnelle en hôpital de jour (maladie du foie, pelvipérinéalogie…), celles de consultations et la présence des chirurgiens viscéraux et des attachés de recherche, va encore plus faciliter le parcours du patient et accroître la dynamique médicale ainsi que la recherche clinique. »
Un autre projet en cours de concrétisation s’inscrit dans cette même logique : la création en 2018, au rez-de-chaussée de la tour Jean-Bernard, d’un centre d’explorations thérapeutiques interventionnelles. Il regroupera des salles d’opération dédiées et une unité d’hospitalisation ambulatoire pour les endoscopies digestives et pulmonaires (voir ci-dessous).
Un centre d’explorations thérapeutiques interventionnelles en 2018
En 2018, un centre d’explorations thérapeutiques interventionnelles verra le jour au rez-de-chaussée de la tour Jean-Bernard. Il regroupera toutes les activités d’endoscopie interventionnelle du service d’hépato-gastro-entérologie ainsi que celles de la pneumologie. Ce centre pourra également répondre aux besoins de chirurgie mini-invasive en gynécologie, ORL, ophtalmologie ou encore en urologie.
Ce projet est né de la conjonction de plusieurs besoins, comme l’explique le docteur Thierry Barrioz. « Tout d’abord face à l’explosion de notre activité d’endoscopie, nos locaux étaient devenus trop étroits et n’étaient plus adaptés à la technicité de nos examens. De plus, la pneumologie, qui fait de plus en plus d’endoscopies interventionnelles, avait pour projet de déménager au niveau de la tour Jean-Bernard. Il paraissait donc logique que l’on regroupe nos activités. Et enfin, par rapport à nos différents besoins d’anesthésie, le souhait était de mutualiser, en une unité de lieu, du personnel d’anesthésie. »
Avec le déménagement des consultations d’urologie, de chirurgie viscérale et d’hépato-gastro-entérologie (niveau -2) et celles attendues prochainement de la chirurgie digestive vasculaire et de la chirurgie plastique, ce futur centre va pouvoir ainsi s’étaler sur l’ensemble du plateau laissé libre au rez-de-chaussée.
Il comptera huit salles d’opération. « Elles ne nécessiteront pas de gros équipements type bloc opératoire, mais une technicité de chirurgie ambulatoire « . Ce qui doublera pour le service le nombre de salles d’interventions. Le centre comptera aussi une unité d’hospitalisation ambulatoire avec une salle de réveil dédiée. « On va, grâce à cette structure, augmenter nos taux de patients en ambulatoire. En ayant des lits dédiés, nous allons pouvoir offrir une meilleure surveillance au sein d’une structure adaptée. »
Les intérêts de ce centre seront de plusieurs ordres. « Nous allons presque doubler notre activité (chaque année, le service réalise 8 000 actes d’endoscopie) avec une priorité portée sur l’endoscopie de recours diagnostique et thérapeutique. Ce qui induira nécessairement une diminution des délais d’attente pour avoir ces examens complexes. »
Autre gros avantage : des examens communs d’endoscopie avec les pneumologues pourront être réalisés, notamment du médiastin, qui déboucheront ainsi sur des bilans pré-opératoires de tumeurs plus précis et moins invasifs. « En outre, sur certaines procédures, telles que les fistules œsotrachéales qui nécessitent l’intervention des deux services pour la pose de prothèses œsophagiennes et trachéales, nous interviendrons ensemble le même jour. Les avantages seront indéniables en termes de gain de temps et d’efficacité. »
De plus, ce centre va libérer des blocs de chirurgie tout un tas de petites interventions qui ne nécessitent pas forcément un équipement de ce type. « D’autant que nous sommes de plus en plus prescripteurs de chirurgies lourdes concernant le pancréas ou les voies biliaires. »
Le centre aura aussi un réel impact sur l’information et la formation. « Il bénéficiera de connexions informatiques qui permettront des transferts d’images et de vidéos précieuses pour les réunions médico-chirurgicales. En outre, cette technologie sera bénéfique pour l’organisation de formations dans nos amphithéâtres mais aussi pour la réalisation de workshops par le biais de la vidéo-transmission. Des congrès d’endoscopie live pourront également être envisagés. » Autant d’atouts qui assoiront encore plus les activités d’endoscopie du CHU de Poitiers sur le plan national.
Ces nouvelles organisations confortent encore plus cette particularité du service qui se traduit aussi au quotidien « par la présence d’infirmières coordinatrices disponibles pour les médecins de ville et du service, par des examens avec un niveau de technicité élevé et une réflexion pluridisciplinaire sur les traitements à mettre en oeuvre », poursuit le professeur Christine Silvain. Chaque année, le service d’hépato-gastro-entérologie réalise plus de 9 000 consultations et 8 000 actes d’endoscopie. Il prend en charge toutes les pathologies digestives en vue d’un traitement médical ou endoscopique et offre des soins spécialisés aux patients atteints de pathologies gastro-intestinales (maladies chroniques inflammatoires de l’intestin, cancers digestifs, hémorragies digestives), maladies du pancréas (pancréatites aiguës et chroniques, tumeurs bénignes et malignes) mais aussi hépatiques (hépatites aiguës et chroniques, cirrhoses et cancers du foie).
Une volonté de rapidité de prise en charge efficiente qui prend tout son sens au regard d’une des activités importantes du service : l’oncologie digestive. Elle regroupe le diagnostic et le traitement des cancers de la totalité de l’appareil digestif : oesophage, estomac, colon-rectum et canal anal, mais aussi pancréas, foie et voies biliaires. « Les cancers digestifs sont les plus fréquents en France », souligne le professeur David Tougeron, gastro-entérologue, spécialiste en oncologie digestive qui coordonne les décisions thérapeutiques multidisciplinaires pour les patients atteints de cancers digestifs. « L’oncologie digestive est une discipline transversale. Elle fait intervenir les radiologues, les chirurgiens, les oncologues ou encore les radiothérapeutes. Chaque semaine, nous nous réunissons dans le cadre d’une réunion de consultation pluridisciplinaire où sont étudiés à chaque réunion au moins une cinquantaine de dossiers pour prendre la meilleure décision thérapeutique pour chacun de nos patients. »
La prise en charge des patients en hépato-gastro-entérologie porte sur un important volet diagnostic, avec la mise en oeuvre par le service de toute une série d’examens d’endoscopies complexes, diagnostiques mais aussi thérapeutiques.
Pour ce faire, le service dispose d’un plateau performant d’endoscopie digestive dont certaines activités sont reconnues au niveau national, qui constitue véritablement un recours pour les patients de la grande région Ouest.
Centre de référence national des polyposes rares
Sa réputation, dans la mise en oeuvre des techniques d’endoscopies complexes, a conduit le CHU à devenir centre de référence national pour le diagnostic, le suivi et le traitement des polyposes digestives rares. « Ces centres ont été créés en France suite à un constat sur la mauvaise homogénéité de la prise en charge des patients souffrant de ces lésions à forts risques de devenir des cancers digestifs voire extra digestifs », précise le docteur Thierry Barrioz, gastro-entérologue.
Pour le diagnostic et la surveillance de ces polyposes, le service a recours à des techniques très particulières : l’entéroscopie et/ou la vidéocapsule. L’entéroscopie est un examen d’exploration de l’intestin grêle. Equipé d’artifices techniques comme le double ballon ou d’une hélice en forme de vis (entéroscopie spiralée), il permet d’inspecter, sous anesthésie générale, plusieurs mètres de l’intestin grêle, ce qui n’est pas possible avec un endoscope traditionnel.
La vidéocapsule est une gélule équipée d’une caméra haute définition.
La vidéocapsule est, quant à elle, une gélule équipée d’une caméra haute définition que le patient avale. Les images, de la même qualité qu’un endoscope classique, sont captées par un boîtier-enregistreur que le patient porte sur lui pendant une dizaine d’heures. Par ce biais, la totalité des huit mètres de l’intestin grêle peuvent être examinés.
« Aujourd’hui nous dédions en grande partie la vidéocapsule pour le diagnostic des lésions de l’intestin grêle et l’entéroscopie pour le traitement de ces lésions. » La résection des polypes par entéroscopie offre un gain indéniable car elle évite aux patients une intervention chirurgicale lourde. « En abordant l’intestin grêle soit par voie haute, en passant par l’estomac, soit par voie basse, en passant par le colon, ou parfois par les deux, nous traitons la plupart des lésions. Celles devant faire l’objet d’une chirurgie sont de plus en plus rares. »
A l’heure actuelle, c’est une activité qui augmente rapidement. « A l’instar de ce qui est fait pour le cancer, nos correspondants régionaux ont vraiment pris la mesure de la nécessité d’une prise en charge globale des polyposes. En outre, depuis la mise en place d’une consultation d’oncogénétique digestive il y a deux ans (voir ci-contre) – sachant que les polyposes rares ont dans une grande majorité un caractère génétique –, nous avons un recrutement de plus en plus important de personnes à dépister et à surveiller. »
L’entéroscopie ne concerne pas que les polyposes rares, cette technique peut être aussi utilisée pour réséquer les lésions hémorragiques de l’intestin grêle, les angiomes qui prennent la forme de petites lésions bénignes vasculaires. Là encore, il s’agit d’une spécificité du service.
Consultation d’oncogénétique : mieux prévenir les cancers
Depuis plus de deux ans, le CHU de Poitiers propose une consultation d’oncogénétique destinée à des patients souffrant notamment de formes familiales de cancer colorectal et de polyposes rares. Son objectif : rechercher d’éventuelles prédispositions héréditaires aux cancers digestifs. « Cela concerne des personnes dont le cancer s’est déclaré très jeune ou encore ceux ayant des antécédents familiaux multiples de cancers, souligne le professeur David Tougeron. L’hérédité n’est pas fréquente, elle concerne environ 5% des cancers du côlon, mais toute anomalie détectée chez un patient n’est pas sans conséquences pour le patient et le reste de sa famille. » Cette consultation est complexe et avec une organisation particulière.
Tout d’abord, le patient voit une conseillère en génétique qui va réaliser son arbre généalogique. « C’est un véritable travail de détective. Elle doit récupérer tous les éléments des dossiers médicaux, les résultats auprès des différents hôpitaux afin de répertorier avec l’aide du patient tous les cas de cancer dans sa famille. » Si une prédisposition héréditaire est suspectée, une prise de sang est réalisée pour analyser certains gènes. « A partir du moment où l’hérédité est avérée, on demande au patient de transmettre l’information aux membres de sa famille. Un enfant d’un patient atteint d’une forme génétique du cancer du côlon a un risque de 50% d’avoir hérité de l’anomalie génétique. » Le but étant alors que les membres de la famille viennent consulter en oncogénétique. « Ceux qui n’ont pas l’anomalie seront complètement rassurés. Quant à ceux porteurs du gènes ils feront l’objet d’une surveillance accrue. » Tous les un à deux ans, ils devront passer une coloscopie afin d’enlever les polypes qui auraient pu se développer et éviter ainsi qu’ils développent un cancer. Cette consultation voit près de 100 patients par an.
Précision dans le diagnostic des lésions pancréatiques et digestives
Toujours dans les examens de recours, le service dispose d’échoendoscopes utilisés pour évaluer, surveiller et ponctionner les tumeurs du pancréas. « Il s’agit d’une mini-sonde d’échographie qui va recueillir des informations qu’une IRM ou un scanner n’aurait pas pu identifier : la situation précise de la lésion, son extension en profondeur dans la paroi et par rapport aux organes voisins », explique le docteur Marc Wangermez, gastro-entérologue. Associé à la technique dite d’élastographie, qui consiste à mesurer l’élasticité des tissus par ultrason et à celle d’échoendoscopie de contraste (injection d’un produit de contraste pour caractériser le tissu), ce dispositif permet de savoir précisément si la tumeur est bénigne ou maligne. « Ce sont des aides essentielles au diagnostic. »
Dans certaines lésions kystiques, une échoendoscopie interventionnelle peut être réalisée pour drainer le liquide dans l’estomac à l’aide d’un drain interne. « Auparavant, ce type de prise en charge nécessitait là aussi une chirurgie très lourde. »
Le service va encore plus loin dans le niveau de technicité avec l’endomicroscopie. Le CHU est la seule structure hospitalière publique de la grande région Ouest à posséder ce type de technologie. « Il s’agit d’une fibre laser de microscopie confocale introduite dans un endoscope qui permet de faire l’analyse de la paroi d’un kyste in situ. Son intérêt : orienter très précisément le diagnostic sans faire de biopsie ou envisager la chirurgie », poursuit le docteur Thierry Barrioz. Ce procédé diagnostic est notamment très employé pour les kystes du pancréas qui peuvent dégénérer en cancer. « Nous sommes capables de dire à près de 100 % avec l’endomicroscopie si une chirurgie est nécessaire ou non. Encore aujourd’hui en France, sans ce type d’examen, des personnes sont opérées parfois à tort, sachant que là encore il s’agit d’une chirurgie très lourde. »
L’endomicroscopie est également utilisée pour analyser la paroi du tube digestif : l’intestin grêle, le côlon, l’oesophage… « Chaque fois que l’on se trouve en présence d’une lésion douteuse, on réalise une analyse microscopique. »
Le gain pour le patient est énorme en temps mais aussi en termes d’examens réalisés. « Auparavant, il fallait faire un prélèvement et attendre quelques jours ou semaines pour le résultat. Si la lésion s’avérait maligne, il fallait refaire un examen pour la réséquer. Maintenant l’information est directe et on agit dans la foulée. »
Cette technique est également très intéressante pour le diagnostic des sténoses des canaux biliaires. « Même avec les meilleures techniques d’imagerie, il n’est pas possible de se faire un avis précis. Dans ce cas, en plus de l’endomicroscopie, nous effectuons un prélèvement par endoscopie. Dans les situations difficiles, le fait d’avoir un panel de résultats offre la meilleure approche diagnostique afin de déterminer s’il s’agit d’un cancer ou pas. »
La mise en oeuvre de ces moyens ne se fait pas dans une logique d’escalade des techniques. « En effet, on va d’emblée mettre tous les moyens à notre disposition. Le gain de temps est indéniable ainsi que la précision diagnostic. »
Endoscopie
Chirurgie bariatrique : nouveau secteur d’intervention de l’endoscopie
Avec la montée en puissance au CHU de Poitiers de la prise en charge chirurgicale des patients souffrant d’obésité morbide, le service d’hépato- gastro-entérologie est de plus en plus sollicité pour réaliser des actes d’endoscopie qu’il ne faisait pas jusqu’alors. « Le centre de l’obésité fait appel à nous pour deux types d’interventions, précise le docteur Thierry Barrioz. La première est la pose de ballon gastrique (permet de perdre du poids en remplissant artificiellement l’estomac), qu’il s’agisse d’une alternative à la chirurgie ou pour préparer les patients devant y avoir recours mais pour lesquels une perte de poids est nécessaire en amont. La deuxième consiste à prendre en charge par voie endoscopique les complications constitutives à la chirurgie : des sutures qui lâchent, des abcès qui apparaissent… Ce qui évite ainsi de réopérer les patients. » Une activité sans cesse en croissance ces dernières années car de plus en plus de chirurgiens de la région réalisent ce type d’intervention.
Une référence pour les cancers superficiels de l’oesophage
Dans le cas des lésions précancéreuses du cancer de l’oesophage, que l’on appelle les endobrachyoesophages (lésions précancéreuses liées à des reflux acides), le service d’hépatogastro- entérologie propose également depuis cinq ans une réelle alternative de recours, il s’agit de la radiofréquence. « Au niveau de la grande région, nous sommes le seul centre avec Bordeaux à dispenser cette technique. » Elle est réalisée au sein du service sous endoscopie. « Ce sont des plaques ou des ballons (les lésions pouvant être circonférentielles), mis en contact de la muqueuse anormale qui est détruite sous l’effet de la chaleur produite par un courant électrique. » Cette technique est également appliquée à titre palliatif pour les tumeurs des voies biliaires afin d’éviter leur progression.
Du fait de son expertise dans cette technique, Poitiers est un des deux centres de formation en France avec l’hôpital Cochin de Paris à enseigner la radiofréquence.
L’électroporation. « Le principe consiste à aller positionner sous scanner des aiguilles autour de la tumeur pour brûler les cellules cancéreuses autour des vaisseaux en créant un arc électrique. Ce qui laisse ensuite le champ libre aux chirurgiens pour enlever la tumeur. » Pr David Tougeron
Autre domaine dans lequel le service excelle : la mucosectomie et la dissection sous muqueuse des lésions du tube digestif. En effet, de par son travail engagé depuis de nombreuses années dans le domaine du dépistage et du diagnostic des cancers digestifs, le service a rapidement développé ces techniques de résection des lésions superficielles qui en font aujourd’hui un centre de référence en France. La mucosectomie consiste à retirer à l’aide d’une anse diathermique (sorte de lasso métallique relié à une source de courant) les lésions cancéreuses ou précancéreuses. « La mucosectomie des tumeurs du duodénum est notamment une technique très difficile à réaliser. Nous sommes peu en France à proposer cet acte, car les complications peuvent être importantes, il est donc nécessaire de savoir les gérer, ce qui est notre cas. » Lorsque les lésions sont de grande taille – plus de 2 cm –, le service a recours à la dissection sous muqueuse. La technique est quasi similaire à la mucosectomie sauf qu’au lieu d’utiliser une anse diathermique (lasso), les praticiens ont recours à des couteaux ou des ciseaux de dissection qui vont couper, fibre à fibre, les tissus qui rattachent la lésion à la paroi digestive. Ceci permet de réséquer en un seul fragment de très larges lésions contrairement à la mucosectomie. « Cette technique, très récente, demande une expertise importante car le geste est plus dangereux et le matériel plus difficile à manipuler. » Mais pour les patients le gain est réel : « La chirurgie de l’oesophage est extrêmement lourde avec une mortalité qui peut aller jusqu’à 10%, alors qu’en endoscopie elle est quasiment nulle et le risque de complication est de moins de 1%. »
Tous les cancers du tube digestif ne sont bien évidemment pas traités par endoscopie. Nombreux nécessitent d’être envoyés, après l’étape diagnostique, en chirurgie, s’ils sont opérables, ou au pôle cancérologie pour une chimiothérapie, s’ils ne le sont pas. « Mon activité est donc à cheval entre la gastro-entérologie et la cancérologie, souligne le professeur David Tougeron. Cette position transversale permet d’assurer une continuité des soins des patients tout au long de leur maladie. »
Et parfois, le service d’hépato-gastro-entérologie peut être amené à prendre en charge les patients au cours du traitement de leur cancer « s’ils ont besoin d’une endoscopie pour faire de nouveaux bilans ou encore pour une endoscopie interventionnelle, explique le docteur Thierry Barrioz. L’exemple le plus typique est le patient qui souffre d’un cancer de l’oesophage et qui nécessite, suite à une récidive, la pose d’une prothèse au niveau de sa tumeur pour lui permettre de manger correctement. » Idem pour le cancer du pancréas lorsque les voies biliaires sont bouchées, « le patient revient dans le service pour que nous posions une prothèse biliaire ».
Chirurgie viscérale avec le robot chirurgical
Cancérologie, la recherche à la pointe
En matière de recherche en cancérologie le CHU fait également figure de pionnier, notamment pour la mise en oeuvre d’une technique de prise en charge du cancer du pancréas, l’électroporation. « Il s’agit d’un protocole de recherche, note le professeur David Tougeron. Nous sommes le seul centre en France à la proposer et cela nécessite une multidisciplinarité avec nos confrères radiologues (professeur Jean-Pierre Tasu) et chirurgiens digestifs (professeur Michel Carretier). Toute la complexité du cancer du pancréas est que quand la tumeur a envahi les vaisseaux digestifs, il est inopérable. L’objectif de cette technique est justement de rendre opérables les tumeurs qui ne le sont plus. Le principe consiste à aller positionner sous scanner des aiguilles autour de la tumeur pour brûler les cellules cancéreuses autour des vaisseaux en créant un arc électrique. Ce qui laisse ensuite le champ libre aux chirurgiens pour enlever la tumeur. » Le protocole a démarré il y a plus d’un an, pour le moment une dizaine de patients en ont bénéficié. « Il est encore un peu tôt pour avancer des résultats, l’objectif est de traiter d’ici 2017 une trentaine de patients, mais d’ores et déjà certains ont pu être opérés. » Toujours en matière de recherche, le professeur David Tougeron s’occupe de plusieurs protocoles autour de nouvelles chimiothérapies, thérapies ciblées et immunothérapies (traitement qui vise à stimuler les défenses immunitaires du patient pour détruire son cancer) dans le traitement des cancers digestifs. « Je coordonne près d’une vingtaine d’études avec de nouveaux traitements des cancers digestifs, notamment ceux du pancréas et du côlon. Les patients qui en bénéficient sont pris en charge au sein du service d’oncologie. » Le plus souvent, ces études comparent de nouveaux traitements par rapport aux traitements de référence. « Et les résultats sont le plus souvent positifs notamment en terme d’allongement de la durée de vie. Par exemple, nous testons de nouvelles stratégies d’immunothérapie pour des patients atteints de cancer du côlon. Dans certaines formes de cancer du côlon particulièrement sensibles à l’immunothérapie, il y a des résultats impressionnants. »
Le service propose également des techniques de recours pour les cancers primitifs du foie et les métastases du foie : la radio-embolisation et la chimio-embolisation. Elles sont réalisées dans le service de radiologie interventionnelle. « Elles consistent à injecter de la chimiothérapie ou des molécules radioactives directement dans l’artère hépatique pour détruire les tumeurs du foie », précise le professeur David Tougeron.
Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et nutrition parentérale : le CHU en recours
Le CHU de Poitiers est également centre régional de référence des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Ces maladies, principalement de Crohn et recto-colite hémorragique, se caractérisent par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif liée à une hyperactivité du système immunitaire digestif. Les patients de la région bénéficient ainsi de toutes les solutions d’exploration et, dans le cadre d’une réunion de concertation pluridisciplinaire, de prescriptions des dernières molécules disponibles. L’établissement fait notamment partie du groupe d’étude national de prise en charge de ces maladies : groupe d’études thérapeutiques des affections inflammatoires du tube digestif.
Ces patients peuvent également avoir recours, dans les cas extrêmes de la maladie de Crohn, quand une résection d’une partie de l’intestin est nécessaire, à la nutrition parentérale. Le CHU de Poitiers est aussi dans ce domaine centre de référence. Il était d’ailleurs le premier en France à proposer cette prise en charge à domicile.
La nutrition parentérale est principalement prescrite pour les patients souffrant du syndrome du grêle court où suite à des chirurgies importantes de l’intestin constitutives par exemple à une atteinte ischémique. La nutrition parentérale permet, dans ces cas, d’apporter, par voie veineuse, une supplémentation de nutriments (glucide, lipide, protéine…) dont les patients ont besoin et d’éviter ainsi des carences.
La manométrie : une réponse aux troubles digestifs et anopérinéaux
Au-delà de la nature diagnostique et thérapeutique, les examens d’exploration de recours, menés par le service, peuvent aussi prendre un caractère fonctionnel dans certains troubles digestifs et anopérinéaux. Ces examens sont réalisés au sein du centre de pelvi-périnéologie depuis l’acquisition, il y a près de deux ans, d’un appareil de manométrie. « A l’heure actuelle, nous sommes le seul centre dans la région à disposer de ce matériel haute résolution 3D, précise le professeur Christine Silvain. Auparavant les patients devaient aller à Nantes, Tours ou Bordeaux. »
La manométrie oesophagienne est indiquée chez des patients souffrant de troubles de la déglutition ou dans les cas de reflux gastro-oesophagiens. Elle consiste à introduire par le nez une sonde équipée de 260 capteurs qui va évaluer les pressions le long de l’oesophage et le degré de fermeture ou d’ouverture des sphincters et ainsi repérer les anomalies. « La haute résolution et la 3D sont d’un bénéfice énorme, souligne le docteur Ginette Fotsing, en charge de ces examens. Notamment en matière de détection. Certaines maladies comme les achalasies (troubles d’ouverture du sphincter) ne peuvent être repérées que grâce à cette technologie. Elle sont aussi des atouts en termes de rapidité d’examen et de facilité d’interprétation. »
La manométrie anopérinéale vise, quant à elle, à analyser le fonctionnement du rectum et de l’anus. Le principe consiste là aussi à enregistrer les pressions de ces organes. Elle concerne les patients qui sont sujets à des incontinences anales ou à des troubles de l’évacuation. « L’incontinence fécale touche particulièrement, après la ménopause, les femmes ayant eu des enfants, explique le docteur Ginette Fotsing. Cet examen répond à une vraie demande. Jusqu’alors, il n’y avait pas de consultation de ce type, certaines femmes ne savaient pas vers qui se tourner. Si l’incontinence urinaire commence à entrer dans les moeurs, celle anale est encore taboue et elle a de vraies conséquences sur la qualité de vie des personnes. » En matière de pelvi-périnéologie, le docteur Ginette Fotsing effectue également des examens pour les troubles de la statique.
En fonction des pathologies repérées, la prise en charge se fait de façon pluridisciplinaire. « Elle est en effet globale. Elle s’inscrit dans le cadre d’une réunion de concertation pluridisciplinaire mensuelle car bien souvent les complications n’ont pas une cause mais sont liées à des troubles de différents organes. Cette prise en charge peut être médicale, chirurgicale, de neuromodulation (électrodes implantées au niveau du sacrum pour des patients ayant eu une chirurgie du rectum ou de l’anus) et/ou de rééducation. »
Une prise en charge globale des maladies du foie
Puis à côté de ces activités, le service assure une mission cruciale au niveau régional dans la prise en charge des maladies du foie, notamment les évaluations des fibroses hépatiques, le traitement des hépatites C et la prise en charge des maladies rares du foie et celles très graves, notamment les cancers primitifs, nécessitant une transplantation.
Le foie
Concernant les évaluations de la fibrose du foie, le service dispose d’une hospitalisation de jour, située au sein du nouveau plateau de consultations, où les patients susceptibles d’avoir une fibrose hépatique (processus de cicatrisation du foie secondaire à une agression : un virus, une maladie auto-immunitaire, la surchage en graisses, l’alcool…) auront une évaluation très précise de leur maladie par différents examens non invasifs réalisés en quelques heures. Il y a tout d’abord un bilan sanguin (avec réalisation d’un fibromètre pour évaluer le stade de la fibrose), puis, dans la foulée, un fibroscan est effectué. « Il s’agit d’une technique qui détermine la dureté du foie, précise le docteur Valérie Roumy. Le principe repose sur l’émission d’une onde mécanique avec mesure de sa vitesse de propagation dans le foie par une technique d’ultrasons. La vitesse de propagation permet d’évaluer l’état de fibrose du foie : plus la propagation se fait vite plus le foie est dur, et plus la fibrose est importante. »
Un des gros intérêts de cet examen est qu’il évite de réaliser une biopsie hépatique. « Nous y avons recours seulement quand les résultats entre les différents tests semblent contradictoires. »
Ils sont complétés ensuite par une échographie abdominale. « Ainsi dans la même journée, le patient ressort en ayant eu un diagnostic précis de sa fibrose et des recommandations pour sa prise en charge. » Chaque semaine, cette unité d’hospitalisation de jour accueille de 18 à 23 patients. Cette hospitalisation de jour va être élargie aux patients alcoolo-dépendants en collaboration avec le centre Henri-Laborit. « Ce sont des patients qui sont plus sujets à des fibroses hépatiques mais aussi à la stéatose. Le but de l’évaluation est de dépister le plus précocement les cirrhoses afin d’éviter qu’elles aboutissent à un cancer. » L’idée serait de prendre en charge les patients récemment sevrés « n’ayant pas forcément de signes cliniques mais pouvant être des cirrhotiques qui s’ignorent et de les dépister le plus tôt possible. Ceci pourrait déboucher, dans un second temps, sur l’organisation de consultations d’éducation thérapeutique », note le docteur Valérie Roumy.
Dans la prise en charge des malades hépatiques, le service est aussi centre expert pour le traitement des hépatites virales et plus particulièrement pour les hépatites C. « Notamment depuis la mise sur la marché, il y a deux ans, de nouveaux traitements : des anti-viraux à action directe dont le principal est le sofosbuvir, note le professeur Christine Silvain. Avec une prévalence de 1%, l’hépatite C est vraiment une question de santé publique. Ces anti-viraux directs se sont rapidement imposés comme une solution thérapeutique efficace avec très peu d’effets secondaires. Prescrits pendant trois mois, leur taux de guérison est de plus de 95%. »
Mais ce traitement à un coût : plus de 40 000 €. Aussi, actuellement, seuls les cas sévères de l’hépatite C sont traités par ce biais. « Une réunion pluridisciplinaire de concertation hebdomadaire qui regroupe les hépato-gastro-entérologues de la région, les pharmaciens du CHU, semaine pour statuer pour chaque dossier si ce traitement est indiqué. » Si tel est le cas, chaque patient est ensuite accompagné dans le cadre d’un programme d’éducation thérapeutique (voir page précédente) afin de s’assurer de la bonne observance du traitement, « la condition primordiale de sa réussite ».
Toujours dans les maladies du foie, le service a une expertise dans les formes rares d’hépatites secondaires, des troubles de l’immunité ou pour les maladies vasculaires du foie. A côté des conseils prodigués et des traitements appliqués, il se démarque par la réalisation de biopsies hépatiques par voie transjugulaire qui nécessite un niveau d’expertise et un plateau technique important. « Pour certains patients cirrhotiques, il n’est pas possible de réaliser une biopsie classique percutanée car ils sont sujets à des troubles de la coagulation, aussi nous avons recours à celle par voie transjugulaire », note le professeur Christine Silvain. Son principe : après un repérage échographique d’une veine du cou, l’opérateur introduit un cathéter et, sous contrôle radiologique, il le descend jusqu’au foie en suivant le courant sanguin. Ces examens sont effectués par les docteurs Florian Charier et Frédérique Prévost. « Cette technique permet, en plus de la ponction, de mesurer les pressions du foie. Ce qui donne des informations complémentaires sur la sévérité de la maladie. »
C’est une activité qui n’est pas nouvelle pour le service, « mais qui explose ces dernières années car nous prenons de plus en plus en charge des patients ayant des maladies hépatiques graves. Nous suivons dorénavant de nombreux patients en pré et post-greffe hépatique. »
Programme d’éducation thérapeutique : favoriser la bonne observance des traitements de l’hépatite C
Dans le cadre de la prise en charge thérapeutique de l’hépatite C, un programme d’éducation thérapeutique, validé par l’agence régionale de santé, est dispensé à chaque patient bénéficiant du traitement par antiviraux à action directe. Objectif : offrir la meilleure information sur la maladie et surtout s’assurer de la bonne observance du traitement.
Deux infirmières sont formées à ce programme : Gwaennaïck Villain et Gaëlle Charles. Chaque semaine, au sein du plateau de consultations, elles assurent un rôle de conseil, d’écoute et de suivi dans le parcours de soins du patient. « A partir du moment où la décision de la mise sous traitement d’un patient est décidée, nous le recevons pour lui expliquer les modalités de ce traitement et voir avec lui sa capacité à le suivre correctement, explique Gwaenaïck Villain. Le but est vraiment de faire en sorte que le patient adhère à son traitement dans son quotidien sans l’handicaper. » Pour certains patients, c’est aussi les rassurer sur les effets secondaires. « Concernant ces personnes, il y a une énorme appréhension, précise Gaëlle Charles. Les anciennes molécules avaient des effets secondaires très importants – fatigue, état pseudo-grippal, anémie… – alors que les antiviraux à action directe sont beaucoup plus confortables. Par contre, elles nécessitent d’être prises à heures fixes sans interruption sous peine d’échec thérapeutique. »
Lors de la première rencontre, elles prennent connaissance du niveau d’information du patient sur sa maladie : les modes de contamination, les facteurs aggravants de la maladie (comme l’alcool), la nature du traitement… Elles ont pour cela à leur disposition des outils pédagogiques simples et illustrés.
« En fonction de cette évaluation, nous allons adapter notre discours. L’idée est qu’ils deviennent acteurs de leur prise en charge, poursuit Gwaenaïck Villain. Il faut que l’organisation du traitement vienne d’eux. Nous ne leur imposons rien, nous sommes là pour les aiguiller, leur donner des astuces. Certains peuvent prendre jusqu’à cinq comprimés par jour. » Durant toute la durée du traitement d’un patient, qui peut aller jusqu’à six mois, elles sont amenées à les rencontrer régulièrement – 4 à 5 fois – pour évaluer la bonne prise du traitement et les éventuels effets secondaires. Lorsque les patients sont à la maison, les deux infirmières sont très facilement joignables par téléphone en cas de besoin. « Cette disponibilité contribue aussi à la bonne observance du traitement. »
Une fédération unique en France
La prise en charge des carcinomes hépatocellulaires du foie constitue une activité importante du service. En 2011, les CHU de Poitiers et de Tours ont souhaité se fédérer pour assurer une prise en charge optimum du cancer primitif du foie, indication majeure de la transplantation hépatique. Cet accord, unique en France, a vu le jour face à la pénurie de transplantation dans la région Poitou-Charentes et celle du Centre. Ainsi, cela garantit aux patients de ces territoires, le meilleur accès aux soins, dans le cadre d’une fédération inter-hospitalo-universitaire et en particulier grâce à la réunion de concertation pluridisciplinaire hebdomadaire entre les CHU de Poitiers et de Tours. « C’est cette fédération, engendrée par la volonté de personnes souhaitant travailler ensemble, qui a jeté les bases de l’actuelle organisation de la greffe du foie », précise le professeur Christine Silvain.
« Par rapport aux greffes hépatiques, notre service effectue la consultation de premier recours des patients susceptibles d’être transplantés. La décision est ensuite confirmée à Tours, avant que les malades n’y soient envoyés pour subir la transplantation. » A partir du moment où les risques post-opératoires sont écartés, les patients transplantés reviennent ensuite dans le service d’hépato-gastro-entérologie de Poitiers pour être suivis. Chaque année, ce sont cent patients qui sont transplantés. En 2015, 764 dossiers ont été discutés.
Pour le professeur Christine Silvain, l’avantage de cette fédération va au-delà de la transplantation : « Chaque patient bénéficie de l’ensemble des techniques de prise en charge des maladies du foie des deux établissements. Il y a une vraie complémentarité. Les patients de Tours peuvent bénéficier de nos activités de recours, telles que la radio-embolisation ou la chimio-embolisation. Inversement, les patients de Poitiers ont accès à des techniques disponibles à Tours, comme le CyberKnife, qui est un robot de radiothérapie capable de délivrer des fortes doses de rayons très ciblés et détruire ainsi des tumeurs hépatiques de moins de 5 cm. Avec cette mise à disposition de toutes les techniques possibles, grâce à notre union, il y a ainsi une prise en charge optimale du patient. »
Ces groupes électrogènes permettent aussi au CHU de « s’effacer » du réseau électrique si besoin. Afin de valoriser cette installation, l’établissement a donc conclu un marché d’effacement depuis avril 2015 avec un fournisseur d’énergie. Ce contrat consiste à vendre notre capacité d’effacement, c’est à dire l’électricité du réseau non consommée par le CHU pendant que ses groupes électrogènes tournent. En un an, une dizaine de demande d’effacement ont été faite par le fournisseur d’énergie. Le plus souvent, elles correspondent à des pics de consommation électrique. Quoiqu’il en soit, la sécurité des patients du CHU prime toujours avant l’effacement.
La recherche médicale, c’est le droit à l’espoir pour de nombreux malades, l’assurance de porter au meilleur niveau la qualité des soins et un impératif pour un CHU qui tient à conserver son rang. Au sein du centre d’investigation clinique de Poitiers ces objectifs sont constants : « Nous rassemblons nos équipes autour de plusieurs axes de recherche, note le professeur François Guilhot-Gaudefroy, médecin hématologiste, directeur de recherche Inserm et coordonnateur du centre. Ces thèmes sont l’aboutissement d’une évolution de plusieurs années et ils ont émergé par la conjonction de divers facteurs », parmi lesquels les attentes de la société envers des maladies difficilement soignées, le cancer en premier lieu. « Nous travaillons dans un cadre réglementaire bien défini », la recherche n’est pas une activité qui part dans tous les sens au gré des fantaisies des chercheurs. Coûteuse et impliquant parfois des molécules nouvelles, elle nécessite des échanges humains et des méthodes de mise en oeuvre qui n’obéissent à aucun hasard. Ces recherches, conduites à Poitiers comme ailleurs selon des protocoles stricts, soulèvent des questions d’éthique et de sécurité. Le décès récemment survenu à Rennes d’un volontaire qui participait à des essais cliniques pose évidemment la question de la méthodologie et de l’encadrement de ces recherches.
Information du volontaire
Le centre a été labellisé par l’Inserm en 2008. Il dispose d’équipes pluridisciplinaires comprenant des médecins chercheurs, des scientifiques, des personnels techniques et administratifs. Une cinquantaine de personnes qui collaborent au sein de locaux sécurisés. Le centre dispose de six lits d’essai clinique, de caissons d’azote pour conserver les échantillons à très basse température, de centrifugeuses… La clinique des médicaments, la recherche translationnelle – comment passer de la recherche fondamentale à l’application thérapeutique ? – et l’étude des parcours de soins nécessitent de procéder à des essais sur les malades volontaires, et informés des moindres détails de l’essai auquel ils participent. La recherche, c’est un travail de labo, mais aussi, arrivé à un certain stade des travaux, la confrontation au réel. Alors, « nous avons aussi recours à des essais sur des patients, mais très rarement sur des personnes saines, note François Guilhot-Gaudefroy. Dans ce cas – nous sommes médecins avant tout – les mesures de précaution sont redoublées dans le cadre d’un travail d’équipe qui assure la multiplicité des avis. » Ces mesures passent par la validation préalable de la méthodologie, des molécules employées, des doses et des moyens mis en oeuvre. Les autorités de tutelles examinent ces facteurs dans un dialogue avec les chercheurs. Enfin, l’information du patient volontaire est capitale. Au CHU de Poitiers, ces volontaires sont généralement atteints de leucémies, myélomes, diabètes, pathologies neurologiques ou troubles du sommeil.
Savoirs nouveaux pour le malade
« Le centre n’a pas vocation à chercher sur tout, observe le Pr Guilhot-Gaudefroy. Son socle et le but visé sont l’excellence scientifique dans un monde de la recherche très concurrentiel où se côtoient des équipes de taille bien différentes. » Si, à Poitiers, une cinquantaine de personnes sont mobilisées, les CHU de Rennes, Bordeaux ou Nantes peuvent compter sur des équipes bien plus étoffées. Dès lors, le soin mis à choisir les axes de travail est capital, « nous nous appuyons sur deux critères : la publication d’articles dans des revues scientifiques de haut niveau et la validation de nos intuitions en répondant à des appels à projets qui valident, ou pas, notre volonté d’avancer ». C’est ainsi que la recherche fait progresser la thérapeutique au sein d’une infrastructure qui lui est consacrée par le CHU. Les résultats enregistrés depuis plusieurs années sont plus qu’encourageants et participent à la publication de nouveaux savoirs médicaux. Savoirs qui profitent directement au malade.
Six axes de travail
La leucémie est le plus ancien axe de recherche à Poitiers et les travaux du Pr Guilhot-Gaudefroy ont conduit à des résultats positifs en termes de durée de vie pour la leucémie myéloïde chronique. Dès 1999, l’équipe mettait en oeuvre l’interféron avec des résultats encourageants et reconnus. Ces travaux perdurent et sont aussi menés dans d’autres CHU, en liaison avec Poitiers.
Les équipes poitevines du CHU et de l’université travaillent aussi sur les questions de nutrition (facteurs foetaux et post-natal). Les neurosciences cliniques sont au premier rang avec les travaux sur la maladie d’Alzheimer, de Gilles de la Tourette et de Parkinson. L’épidémiologie clinique se développe autour de l’utilisation de data, des travaux statistiques productifs en matière d’observation des pathologies, de leur propagation ou des populations plus particulièrement touchées.
L’étude ALIVE (acute lung injury and ventilation) porte sur l’oxygénation et la ventilation pendant le sommeil (ou sa privation). Enfin SEPEX (santé environnementale, perturbateurs endocriniens, exposome) se penche sur les perturbateurs endocriniens.
Chercher c’est dépréjuger
Pour le Pr François Guilhot-Gaudefroy, en matière de recherche, « il faut savoir avancer de manière volontaire sans pour autant aller dans des impasses ou faire preuve de certitude de soi ». Les essais sont séquencés suivant plusieurs phases. L’essai sur le malade n’est jamais premier mais vient à la suite d’une série de travaux en laboratoire (éprouvette, animaux).
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la commission d’éthique (comité de protection des personnes) sont systématiquement saisis des projets d’essais cliniques. Ces essais sont impératifs à une certaine phase, car seule l’administration au malade permet de mesurer les effets cliniques, de se comparer avec l’éventuel médicament de référence existant – le meilleur du marché –, de constater les effets sur une cohorte. A chaque phase, l’évaluation permet de décider de continuer ou d’arrêter l’essai en cours. « On pèse les avantages et les inconvénients. On mesure le rapport coût-bénéfice sur le plan thérapeutique et c’est dans ces phases d’évaluation qu’il faut savoir décider. » Le centre est bien géré mais n’obéit pas à une logique financière. Dans toute décision, le facteur temps est capital tout comme la prise de distance avec ses propres préjugés. Car le chercheur est un « dépréjugeur », selon l’expression de Restif de la Bretonne et du jésuite Juan Pablo Viscardo.
Jonathan Clarhaut, dont le projet cible le développement de médicaments intelligents, tient des permanences depuis trois ans sur le stand du CHU : « Les gens sont motivés et impliqués dans la recherche. Ils s’interrogent et s’intéressent vraiment à nos projets. Il y a beaucoup d’échanges ».
Jean-Pierre Doury, président de l’association Sport et collection, tient des propos similaires : « Cette 22e édition est une réussite en dépit du risque météorologique ! Nous avons eu beaucoup de visiteurs, les propriétaires de Ferrari ont encore une fois répondu présents ainsi que nos partenaires ».
Cette année, pas moins de 240 000 euros sont nécessaires pour financer les six projets de recherche. Le chèque sera remis en septembre au conseil départemental de la Vienne.
À pied ou à vélo, Florence Sirot et Charlotte Rivassoux font parties de ces visages que l’on croise souvent au sein du CHU. Membres de l’unité d’hygiène au sein du département des agents infectieux, les deux infirmières sillonnent la cité hospitalière affublées de leurs seaux jaunes de prélèvement et de leurs sacoches d’analyse bien remplies. « Quand on arrive dans les services avec notre seau, on entend souvent « mais je n’ai pas fait le ménage ! » Mais on n’est pas là pour ça. À force, on nous reconnaît », plaisante Florence Sirot.
Cette unité est sans doute une des plus mobile du CHU. Avec une moyenne de 10 000 pas quotidiens, podomètre à l’appui, on peut dire que Florence Sirot et Charlotte Rivassoux ont les mollets musclés. « J’ai demandé un vélo pour un soucis de rapidité et de confort car, mine de rien, les prélèvements pèsent un certain poids, précise Florence Sirot. À vélo, je me suis rendue compte qu’il y a des faux plats au CHU. »
« Les germes peuvent être véhiculées par l’eau. Notre travail détermine l’origine de la contamination s’il y a suspicion. » Il se peut donc que le patient ait « apporté » le germe ou que ce dernier soit déjà présent dans un point d’eau « qu’il faudra isoler et sécuriser tout de suite ».
Pas de journée type
Les surfaces font aussi l’objet d’une surveillance. Les blocs opératoires ne sont pas non plus oubliés. Toutefois, Florence Sirot et Charlotte Rivassoux n’y interviennent pas. C’est le travail de deux agents préleveurs : « Nos collègues interviennent entre 5h et 13h, quand les salles sont libres et que les particules d’air sont au repos. » Le week-end, le directeur de garde est sollicité en cas d’extrême urgence et contacte l’agence régionale de santé. Selon les infirmières, ce sont des situations rares.
Il faut avoir à l’esprit que la surveillance de la cité hospitalière ne se fait pas en un claquement de doigt. Charlotte Rivassoux et Florence Sirot suivent un agenda précis qui échelonne les visites des pavillons à Poitiers et à Lusignan, tout en tenant compte des imprévus. « Nous sommes contactées tous les jours. Cela peut être une simple question ou bien une demande d’intervention », souligne Charlotte Rivassoux. Dans le premier comme dans le second cas, les infirmières donnent un premier élément de réponse dans le quart d’heure : « Il faut être rapide, mais ne pas se précipiter afin de résoudre la problématique et coller à la réalité du terrain. »
Les projets, les protocoles et les audits sont menés en équipe et les rapports sont soumis à la relecture des praticiens hospitaliers. Au sein de l’unité, on compte une dizaine de personnes sous la houlette du docteur Olivier Castel. Les prélèvements sont analysés au laboratoire d’hygiène hospitalière où trois techniciens officient.
Quand on leur demande de décrire une journée type, Florence Sirot et Charlotte Rivassoux sourient : « C’est très difficile! Nous planifions notre activité mais il y a toujours des imprévus. On ne s’ennuie jamais, c’est certain ! » Travailler au sein de cette unité plus que mobile est un choix, les deux infirmières ne regrettent pas.
Florence Sirot et Charlotte Rivassoux
Florence Sirot et Charlotte Rivassoux, leur parcours
Florence Sirot, 47 ans, et Charlotte Rivassoux, 39 ans, ont réalisé leurs études d’infirmière à Poitiers. La première a intégré l’unité d’hygiène hospitalière il y a un an et demi et la seconde, depuis six mois. Florence Sirot a évolué pendant sept ans aux urgences de cardiologie et quinze ans aux urgences adultes. Sensible à l’hygiène, l’infirmière passera son diplôme universitaire d’hygiène hospitalière à Poitiers et profitera d’une libération de poste pour intégrer le service.
Charlotte Rivassoux, quant à elle, a effectué des remplacements pendant deux ans au sein du CHU avant d’intégrer le service d’hématologie et oncologie pendant quatre ans où elle sera sensibilisée aux environnements protégés. Pendant onze ans, elle sera dans le service orthopédie et traumatologie. Avant de passer son diplôme universitaire, Charlotte Rivassoux a bénéficié d’une formation pour être correspondant d’hygiène. Aujourd’hui, elle partage son temps de travail entre l’unité d’hygiène hospitalière et l’unité d’hémovigilance.
Alain Claeys, président du conseil de surveillance du CHU, Sylvie Vanhille, directrice par intérim de la délégation départementale de l’Agence régionale de santé, Jean-Pierre Dewitte, directeur général du CHU de Poitiers, et Jean-Pierre Lévêque, architecte.
Ces derniers ont fait visiter le bâtiment à la délégation en mettant en avant ses atouts : cadre verdoyant, construction écoresponsable et bioclimatique, géothermie, acoustique impeccable, efficacité énergétique, capteurs de luminosité… « Il n’y a aucun radiateur, ventilateur, ni interrupteur dans tout l’Agora », a précisé Stefan Tuchila. « Nous avons essayé de créer un bâtiment au service des utilisateurs avec des lieux hybrides, agréables, où la création et l’innovation peuvent s’exprimer », a expliqué Jean-Pierre Lévêque.
Privilégier le contact direct
« J’ai souhaité la construction de ce lieu regroupant toutes les directions depuis longtemps, a affirmé Jean-Pierre Dewitte. Depuis plusieurs années, de nombreux locaux et bâtiments destinés aux soins ont été construits ou rénovés, de manière prioritaire pour les patients. Je souhaitais aussi permettre aux personnels administratif et technique, dont l’action est souvent méconnue par les usagers de l’hôpital et même par les personnels médicaux et soignants, de bénéficier de conditions de travail plus optimales. Et de la même façon qu’à Athènes la parole était reine, je forme le vœu que ce nouvel espace permette aux personnels de privilégier le contact direct plutôt que le courriel. »
Pour Alain Claeys aussi, cette construction était essentielle. « Il n’y a pas eu de fautes dans les investissements de ces dernières années. Après le pôle régional de cancérologie, les urgences, le centre cardiovasculaire ou encore la maison des familles, votre tour était venu, a-t-il déclaré aux agents présents lors de cet inauguration. Vous aussi permettez à l’hôpital de fonctionner dans de bonnes conditions. »
Surface du bâtiment : 10 000 m²
Nombre d’occupants : 350 personnes
Nombre de bureaux : 180
Montant des travaux TTC : 24 000 000 euros
Nombre d’entreprises : 67
Choix du projet et de l’équipe d’architecte : décembre 2011
Début des travaux : juin 2014
Fin des travaux : mai 2016
Cette maladie est la première cause de baisse d’acuité visuelle chez les patients de plus de 65 ans en France et touche environ 10% des personnes de plus de 60 ans et 25% des plus de 75 ans. « Nous menons actuellement deux protocoles institutionnels d’essais cliniques sur la DMLA exsudative (forme humide) et trois protocoles d’essais cliniques dans la DMLA atrophique (forme sèche). De plus, nous venons d’obtenir l’autorisation de l’agence de biomédecine pour pouvoir faire de la recherche fondamentale avec des cellules souches embryonnaires sur la thématique de la DMLA. Nous travaillons en partenariat avec l’Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques (I-Stem) afin de pouvoir éventuellement dupliquer des résultats intéressants. »
Le CHU de Poitiers est centre de référence national pour deux des trois essais cliniques sur la DMLA atrophique. En parallèle, l’équipe du Pr Leveziel constitue des collections d’échantillons biologiques. Celles-ci seront très utiles pour développer des modèles cellulaires de la DMLA au sein de l’unité Inserm dirigée par le Pr Mohammed Jaber. Le but étant de mieux comprendre la maladie et, à terme, de pouvoir évaluer de nouvelles molécules.
Pour mener à bien ces investigations, l’équipe du Pr Leveziel est constituée d’une équipe médicale et de deux techniciens d’études cliniques qui prennent en charge la recherche clinique, ainsi que d’une doctorante et d’une ingénieure de recherche qui travaillent sur la recherche fondamentale.
En tant que promoteur, le CHU soutient cette thématique de recherche. En 2015, la direction de la recherche avait alloué une bourse à l’équipe du Pr Leveziel, un engagement qui vient d’être prolongé cette année avec l’attribution d’un budget lui permettant de recruter un technicien d’études cliniques à temps plein. « Le Pr Leveziel symbolise bien la recherche translationnelle qui fait le lien entre les recherches clinique et fondamentale, indique Harold Astre, le directeur de la recherche et de l’innovation du CHU. C’est important pour nous de valoriser ces chercheurs, qui représentent bien le dynamisme de l’unité Inserm dirigé par le Pr Jaber et, de façon plus large, l’ensemble des unités Inserm de notre site. De plus, le Pr Leveziel est très impliqué dans la communication auprès du grand public (il est président du comité scientifique d’une association de patients, l’association maculopathie myopique) et il a récemment coordonné un colloque organisé par l’association Retina France le 21 mai à Poitiers. »
Consultation d’ophtalmologie avec le Pr Nicolas Leveziel au CHU de Poitiers
La recherche clinique a besoin des patients
L’équipe du Pr Leveziel recrute des patients souffrant de toutes les formes de DMLA pour une participation éventuelle à des études cliniques. « Je remercie les patients qui acceptent de participer à ces recherches, car leur investissement permettra certainement d’obtenir de nouvelles avancées thérapeutiques », indique le Pr Leveziel. En plus de contribuer au progrès de la recherche, ces patients bénéficient d’un suivi renforcé. Si vous êtes touchés par la DMLA, vous pouvez contacter le secrétariat d’ophtalmologie du CHU de Poitiers au 05.49.44.43.27.
Dépistage gratuit de la DMLA
Le service d’ophtalmologie du CHU de Poitiers organise, dans le cadre des dixièmes journées nationales d’information et de dépistage de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), trois journées de dépistage gratuit pour les personnes âgées de plus de 60 ans :
mardi 28 juin, de 9h à 12h et de 14h à 16h30
mercredi 29 juin, de 14h à 16h30
vendredi 1er juillet, de 9h à 12h
aux consultations du service d’ophtalmologie, au rez-de-chaussée de Jean-Bernard, sur le site de la Milétrie.
Les personnes intéressées doivent s’inscrire au préalable au 05 49 44 43 27 et venir accompagnées le jour-même, en raison de l’examen du fond d’œil.
Episode 8 – Greffe de rein : développer la chirurgie robotique pour favoriser le prélèvement des donneurs vivants
Sébastien, Céline et Aurélie* sont frères et sœurs. Une fratrie unie que la maladie va frapper. C’est Sébastien qui sera touché. Une maladie génétique relativement rare va provoquer chez lui une insuffisance rénale chronique alors qu’il n’a que 22 ans. Ce verdict tombe en 2010. Cinq ans plus tard, ses reins ne peuvent plus du tout assurer leur fonction. Le Rochelais est pris en charge en hémodialyse chronique pour survivre. En vue d’une transplantation rénale, il est adressé aux équipes de néphrologie et d’urologie du CHU de Poitiers, qui ne décèlent pas de contre-indication à une greffe. Il est alors inscrit sur la liste d’attente pour une greffe de rein.
« Rapidement, ses deux sœurs se sont proposées pour lui donner un rein, indique le Pr Thierry, néphrologue. Le choix fut relativement simple, l’une d’entre elle étant particulièrement compatible. Le don vivant (au sein d’une même famille ou entre mari et femme) est quelque chose que nous essayons de développer, car nous sommes actuellement en pénurie de greffons. » Jusqu’en 2014, le CHU réalisait seulement deux à trois greffes par an à partir de donneurs vivants, contre une soixantaine à partir de donneurs en mort encéphalique. Mais depuis l’année dernière, en accord avec les recommandations de l’Agence de la biomédecine et grâce à l’investissement des différentes équipes, le CHU en a réalisé sept en 2015 et espère accroitre ce chiffre, notamment grâce à une technique innovante (seulement une dizaine d’établissement la pratique) : le prélèvement de rein via le robot chirurgical.
Cette technique, Céline, la sœur de Sébastien, en a bénéficié le 19 mai, jour de renaissance pour son frère. C’est le Dr Olivier Celhay, chirurgien dans le service d’urologie, qui l’a développé. « J’ai appris la technique de prélèvement de rein avec le robot chirurgical au CHU de Tours, puis je l’ai perfectionnée en m’inspirant des possibilités offertes par le nouveau robot Da Vinci acquis par le CHU de Poitiers. »
Une chirurgie plus sûre
Il y a encore quatre ans, cette chirurgie se faisait à ciel ouvert et nécessitait une incision de 25 cm. Le donneur était arrêté un mois et devait attendre trois à quatre mois avant de reprendre une activité sportive. A partir de 2012, l’intervention s’est déroulée en cœlioscopie, ce qui a nettement amélioré les suites opératoires des donneurs : seulement quatre petites incisions pour passer les outils de cœlioscopie, une incision au niveau du nombril pour sortir le rein et une sortie de l’hôpital au bout de quatre jours environ. Un pas supplémentaire a encore été franchi avec le prélèvement du rein via le robot chirurgical. « Le donneur est réalimenté le soir même et debout le lendemain, indique le Dr Celhay. C’est possible car l’intestin continue de fonctionner pendant l’opération, dont on a réduit le temps grâce au robot : 2h contre 3h30 auparavant. Cela peut permettre au donneur de quitter l’hôpital au bout de 48h. » Les donneurs comme Céline bénéficient ensuite d’un suivi spécifique tout au long de leur vie, avec au moins une consultation de néphrologie par an.
Anatomie du rein
Si cette chirurgie risquée devient plus sûre pour le donneur grâce au robot, les bénéfices pour le receveur sont également importants. « Le robot permet une dissection plus fine des vaisseaux, notamment ceux qui se trouvent près de l’aorte. J’obtiens donc des greffons avec des vaisseaux plus longs : 1,5 cm contre 8 mm en moyenne sous cœlioscopie. » Ce que confirme le Dr Pierre Pillot, chirurgien dans le service d’urologie, qui a effectué la greffe sur Sébastien. « Après le prélèvement du rein avec le robot, la longueur des vaisseaux est optimale, ce qui facilite mon travail. » Son travail débute d’ailleurs dès le prélèvement sur le donneur, car c’est le chirurgien effectuant la greffe qui sort le rein, le lave avec une solution de conservation et le refroidi. Pendant ce temps, le malade est préparé à recevoir le greffon dans un autre bloc opératoire. Le Dr Pillot procède ensuite à la réimplantation de l’organe. « Tout s’est bien passé dans le cas de ce don intra-familial, la reprise de diurèse (production de l’urine) a été rapide, ce qui a évité une dialyse post-opératoire, précise-t-il. Le patient a pu rentrer chez lui au bout d’une dizaine de jours, le temps pour nous de vérifier que le greffon fonctionne bien. » « Tout le monde est ravi, abonde le Dr Celhay. Cela nous encourage à continuer les prélèvements avec cette technique. »
Don croisé
Cette technique va en effet être développée au CHU puisque plusieurs prélèvements de rein avec le robot sont programmés cette année. Au mois de septembre, un don croisé va même être réalisé avec un couple de donneur-receveur apparié, d’un autre CHU. « Les greffes croisées concernent les patients ayant un donneur vivant motivé mais non compatible », explique le Dr Celhay et le Dr Estelle Desport, néphrologue. Le donneur est compatible avec notre patient et notre donneur est compatible avec le receveur. Chaque CHU prélèvera donc le rein du donneur avec son robot, puis les organes seront acheminés par avion jusqu’aux receveurs. Ce sera seulement le sixième don de ce type en France. »
Le Dr Celhay souhaite encore optimiser les suites opératoires du donneur en utilisant une technique de retrait du rein par le vagin. « Cela permet d’éviter l’incision au niveau du nombril et d’avoir une meilleure récupération. C’est aussi une solution optimale pour les personnes en surpoids. Le but est de tout faire pour encourager les dons entre personnes vivantes. »
* Les prénoms ont été modifiés
Le don intra-familial : une procédure encadrée
Le don d’un rein issu d’un donneur vivant est soumis à une procédure stricte. Elle dure environ six mois pendant lesquels une procédure judiciaire est menée afin d’être sûr qu’aucune pression n’est exercée sur le donneur. Les bilans médicaux des candidats au don sont également réalisés pour s’assurer qu’aucune contre-indication ne s’oppose à ce geste généreux et gratuit.
Pouvez-vous nous préciser votre thème de recherche ?
Depuis novembre dernier, nous travaillons sur le scanner de perfusion. Le but est d’avoir une approche dynamique de l’imagerie scanographique. Nous ciblons la zone de l’abdomen. Le sujet est passé en étude auprès du comité de protection des personnes et à ce jour, nous attendons l’agrément pour utiliser cette technique sur nos patients.
Qu’est-ce qu’un scanner de perfusion abdominale ?
Le scanner de perfusion est une technique d’imagerie fonctionnelle novatrice. Il peut s’intégrer à un examen diagnostic en plus d’un examen de dépistage ou dans le cadre d’un bilan pré ou post thérapeutique. Il vient en complément du scanner morphologique, en analysant les caractéristiques physiopathologiques et fonctionnelles des tumeurs mais aussi des atteintes multifactorielles. Nous avons préalablement développé la technique sur des fantômes remplis d’eau afin de minimiser la dose d’exposition.
Vous comprenez qu’avant d’utiliser cette technique sur nos patients, nous devons être sûrs de nous. Il faut savoir que les risques théoriques surviennent au-delà de trente ans après l’exposition et pour des doses dépassant les seuils médicaux.
À partir de quand cette technique pourra-t-elle être utilisée ?
Nous espérons avoir l’agrément en juin donc, dès cet été. Pour commencer, nous allons l’intégrer dans le parcours de soin des patients atteints de pathologies graves. Ensuite, nous généraliserons cette technique. Il est préférable d’avoir un bon examen plutôt que trois mauvais.
Avez-vous d’autres projets de recherche ?
Commencés ? Non. Mais j’en ai en tête dont un portant sur la toxicité des produits de contraste sur les cellules rénales et un sur les paramètres de perfusion digestive au scanner. Mais un projet ne se fait pas seul alors il faut que je mobilise afin de réussir à les mener à bien.